đșđż[ LE MAHA MRITYUNJAYA MANTRA ] đżđș
- Ariel Ayurveda - Daniel & Marie
- 21 sept. 2024
- 6 min de lecture
đșđż[ LE MAHA MRITYUNJAYA MANTRA ] đżđș
1. Tryambakam : introduction
Le Maha Mrityunjaya Mantra signifie littĂ©ralement «âle plus grand mantra pour la victoire sur la mortâ». Ces vers sont tirĂ©s du Rig VĂ©da et sont dĂ©diĂ©s Ă la divinité Shiva. Le Tryambakam est connu pour ĂȘtre LE mantra qui donne vie tout autant que celui qui permet dâatteindre la libĂ©ration. La superstition a fait de ce mantra une litanie contre la mort et un chant protecteur en toutes circonstances si bien, quâen Inde, tel une amulette, il est largement rĂ©pĂ©tĂ© Ă lâoccasion des anniversaires ou bien lors des dĂ©parts en voyage.
2. Le Tryambakam ou le mantra de la vision claire
«âNous rendons grĂące au seigneur aux trois yeux qui comme un parfum enivre et nourrit tout.â»
try = trois
ambakam =Â yeux
yajaamahe = vénération, adoration
sugandhim =Â parfum
pushti = abondance, prospérité
vardhanam =Â ce qui soutient, ce qui nourrit
Afin de comprendre ces deux premiers vers, nous devons nous interroger sur ce que signifie de voir avec «âdeux yeuxâ».
Les deux yeux reprĂ©sentent les sens, le monde, la matiĂšre, la dualitĂ©, la Maya. Autrement dit, les deux yeux sont le symbole du monde phĂ©nomĂ©nal et donc du corps et de lâesprit.. Voir au travers de nos yeux signifie recevoir des informations du monde extĂ©rieur. Au travers des mĂ©dias que sont les cinq sens et le mental, lâĂȘtre humain collecte des informations en provenance du monde extĂ©rieur.
Puis, il absorbe ces informations quâil internalise. Dans ce processus dâabsorption, ces informations originellement externes se transforment en «âconnaissancesâ», «âconditionnementsâ», «âschĂ©mas de pensĂ©esâ»⊠LâĂȘtre humain utilise ces informations absorbĂ©es puis stockĂ©es au sein de cette bibliothĂšque interne comme les cadres rĂ©fĂ©rents sur lesquels sâappuyer pour prendre des dĂ©cisions et agir. Câest ainsi que lâindividu arpente la vie. Enfin, il commence mĂȘme Ă croire que ces connaissances proviennent de son propre processus cognitif et que cela constitue la VĂ©rité et la RĂ©alitĂ©.
Le mantra nous invite Ă regarder non pas avec nos deux yeux (comme nous en avons lâhabitude) mais avec le troisiĂšme Ćil (tryambakam).
Nous faisons souvent lâerreur de croire que le troisiĂšme Ćil est un point tout Ă fait spĂ©cial que lâon peut placer sur le corps physique (souvent entre les deux sourcils). Or, si le troisiĂšme Ćil est si spĂ©cial, câest justement parce quâil nâa rien Ă voir avec les deux organes physiques que sont les yeux.
Autrement dit, le troisiĂšme Ćil pourrait ĂȘtre partout sur le corps physique, ou, plus exactement, nulle part sur ce corps physique.Ainsi, le troisiĂšme Ćil reprĂ©sente tout ce qui nâest pas issu des cinq sens et tout ce qui nâest pas du monde phĂ©nomĂ©nal. Le troisiĂšme Ćil est une mĂ©taphore pour exprimer la capacitĂ© de voir avec clartĂ©. Voir les choses avec clartĂ© signifie de voir les choses sans lâinfluence du mondeâ; de voir les choses libres des conditionnements de ce monde.
Ce nâest pas par hasard que ce mantra est dĂ©diĂ© Ă Â Shiva. Cette divinitĂ© est considĂ©rĂ©e comme Ă©tant celle de la destruction de lâignorance. Autrement dit Shiva est le destructeur de la mĂ©comprĂ©hension de ce quâest vraiment la RĂ©alitĂ©â; le destructeur de lâego, de lâattachement Ă ce corps, ce mental et Ă ce monde.
Le mantra nous invite à «âadorer celui qui a trois yeuxâ». «âAdorerâ» (yajĂąmahe)ne signifie pas (comme cela se fait souvent en Inde) de couvrir de lait et de fleurs une statue de Shiva ou un lingam. «âAdorerâ» signifie regarder avec une qualitĂ© dâattention. Cela implique dâĂȘtre trĂšs attentif Ă ce quâil se passe instant aprĂšs instant. «âQuelles sont ces pensĂ©esâ?â», «âquelles sont ces rĂ©actionsâ», «âdâoĂč proviennent-elles vraimentâ?â». Cette adoration amĂšne Ă ce que lâon nomme lâhonnĂȘte observation de soi.
Lorsque lâĂȘtre humain observe son mental, ses pensĂ©es, ce quâil se passe instant aprĂšs instant dans son esprit, il scrute ce qui est de lâordre «âdu petitâ», «âde la partieâ», «âdu limitĂ©â», «âdu pĂ©rissable », « du changeant », « du mortelâ»⊠Mais, en observant «âle petitâ», «âla partieâ», «âle mortelâ» et «âle limitĂ©â», il sâĂ©loigne «âdu petitâ», «âde la partieâ», «âdu limité⻠et «âdu mortelâ», car lâobservateur et lâobservé sont toujours diffĂ©rents.
Lâindividu pĂ©nĂštre alors le domaine «âdu vasteâ», «âde lâillimitĂ©â», «âde lâimmortelâ». Il sâagit de la Source. Par dĂ©finition, la Source est complĂšte. Tout y est disponible, abondant, prospĂšre (pushti vardhanam).
Le mantra induit que dĂšs lors que lâĂȘtre humain regarde avec attention ses propres pensĂ©es, un cadeau lâattend. Il dĂ©couvre que la vie a une toute autre saveur. Il sâagit de la fragrance (sugandhim) de la Paix et de la LibertĂ©. Câest le parfum doux et sucrĂ© de lâAbsolu, de la Source, de la ComplĂ©tude, du Brahman.
3. Le Tryambakam ou le mantra du détachement
«âPuisse-t-il nous dĂ©livrer du lien qui nous relie Ă la mort de la mĂȘme maniĂšre que le raisin se dĂ©tache de la vigne.â»
urvaaruka = concombre
miva =Â comme
bhandhanan =Â lien (bandha), tige
Le mantra nous expose un autre enseignement primordial.
Pendant sa croissance, le concombre (urvùruka) est attaché à sa tige mÚre. Puis, à sa maturité, il se détache.
De la mĂȘme façon, pour croĂźtre et se dĂ©velopper, lâego a besoin du monde et il y est attachĂ© (bandhanĂąn). Seulement, Ă la diffĂ©rence du concombre qui un jour se dĂ©tache, lâego ne rompt jamais le lien qui lâattache au monde matĂ©riel.
Or, le dĂ©tachement du monde matĂ©riel est la clef de la libĂ©ration. Ce dĂ©tachement est maturitĂ©. La maturité ne signifie pas de passer dâun Ăąge Ă un autre. La maturitĂ© nâest pas une question dâĂąge (il existe des ĂȘtres trĂšs jeunes et trĂšs matures et il existe dans anciens trĂšs peu matures). La maturitĂ© est LE dĂ©tachement par lequel lâindividu cesse de donner de lâimportance au monde matĂ©riel, Ă ses objets et donc au corps et Ă lâesprit. La maturitĂ© est LE dĂ©tachement par lequel lâindividu cesse de construire son identitĂ© Ă partir dâĂ©lĂ©ments en provenance du monde matĂ©riel, de ses objets, du corps et de lâesprit.
Un ĂȘtre qui sâest dĂ©tachĂ© du monde matĂ©riel est ce que lâon nomme un « dvija », littĂ©ralement «âun nĂ© deux foisâ».
Lâindividu naĂźt une premiĂšre fois, physiquement hors du corps de sa mĂšre et se dĂ©tache du cordon ombilical qui le nourrit. Cet instant marque lâentrĂ©e de lâĂȘtre dans le monde matĂ©riel. Puis, dĂšs lors que lâindividu se dĂ©tache de son lien (bandhanĂąn) dâavec le monde matĂ©riel, il naĂźt une deuxiĂšme fois. Câest lĂ , la vĂ©ritable raison pour laquelle il est nĂ©cessaire de rĂ©pĂ©ter ce mantra Ă lâoccasion des anniversaires. Les anniversaires (de la façon dont nous les cĂ©lĂ©brons) ont tendance Ă renforcer la prĂ©dominance du corps et de lâesprit en tant que «âjeâ», lĂ oĂč la rĂ©elle cĂ©lĂ©bration serait de sâen dĂ©tacher.
Le mantra nous invite donc sans tarder Ă faire «âcommeâ» (miva) le concombre !
4. Tryambakam ou le mantra de lâimmortalitĂ©
«âQuâil ne nous Ă©loigne pas de lâimmortalitĂ©.â»
mrityor =Â mort
mukshiya = libération (moksha)
ma mritat = négation (a privatif) + mortalité = immortalité
Le dernier vers correspond à la conclusion du mantra.
DĂšs lors que lâindividu a changĂ© sa vision du mondeâ; dĂšs lors que lâindividu a goĂ»tĂ© Ă la fragrance de la Sourceâ; dĂšs lors que lâindividu sâest dĂ©tachĂ© de son lien pour le monde matĂ©riel, alors, il devient immortel (ou comme le mantra lâindique, il cesse de devenir mortel / de renforcer la mortalitĂ© en lui (mĂąâmritĂąt)). En dâautres termes, lâĂȘtre se libĂšre (mukshiya) de la mortalitĂ© (mrityor).
LâImmortalité nâest pas une chose quâil faille atteindre. Comme la ComplĂ©tude, la Paix, la Liberté ou lâAmour, lâImmortalité est dĂ©jĂ lĂ et toujours disponible. LâimmortalitĂ© est notre nature originelle.
Cependant, comme lâĂȘtre humain sâidentifie Ă ce qui est limitĂ© et pĂ©rissable, il croit fermement nâĂȘtre rien dâautre que limitĂ©, pĂ©rissable et donc mortel. Lâindividu passe sa vie Ă renforcer en lui ce qui est de lâordre du mortel et du limitĂ© au lieu de lâamenuiser. Renforcer la puissance du corps et du mental et lâattachement aux objets du monde ne permet jamais de voir la Source.
DĂšs lors que lâindividu rĂ©alise que, par ses actions, il ne cesse renforcer le crĂ©dit accordĂ© au corps, au mental, Ă lâego et aux objets du monde, il comprend quâil contribue lui-mĂȘme Ă sâancrer dans la mortalitĂ©. DĂšs lors que lâindividu agit Ă diminuer le crĂ©dit accordĂ© au corps, au mental, Ă lâego et aux objets du monde, il se rapproche de la Source, et par consĂ©quent, sâancre dans lâimmortalitĂ©.
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