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đŸŒș🌿[ LE MAHA MRITYUNJAYA MANTRA ] 🌿đŸŒș

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1. Tryambakam : introduction


Le Maha Mrityunjaya Mantra signifie littĂ©ralement « le plus grand mantra pour la victoire sur la mort ». Ces vers sont tirĂ©s du Rig VĂ©da et sont dĂ©diĂ©s Ă  la divinité Shiva. Le Tryambakam est connu pour ĂȘtre LE mantra qui donne vie tout autant que celui qui permet d’atteindre la libĂ©ration. La superstition a fait de ce mantra une litanie contre la mort et un chant protecteur en toutes circonstances si bien, qu’en Inde, tel une amulette, il est largement rĂ©pĂ©tĂ© Ă  l’occasion des anniversaires ou bien lors des dĂ©parts en voyage.


2. Le Tryambakam ou le mantra de la vision claire


« Nous rendons grĂące au seigneur aux trois yeux qui comme un parfum enivre et nourrit tout. »

try = trois

ambakam = yeux

yajaamahe = vénération, adoration

sugandhim = parfum

pushti = abondance, prospérité

vardhanam = ce qui soutient, ce qui nourrit


Afin de comprendre ces deux premiers vers, nous devons nous interroger sur ce que signifie de voir avec « deux yeux ».


Les deux yeux reprĂ©sentent les sens, le monde, la matiĂšre, la dualitĂ©, la Maya. Autrement dit, les deux yeux sont le symbole du monde phĂ©nomĂ©nal et donc du corps et de l’esprit.. Voir au travers de nos yeux signifie recevoir des informations du monde extĂ©rieur. Au travers des mĂ©dias que sont les cinq sens et le mental, l’ĂȘtre humain collecte des informations en provenance du monde extĂ©rieur.


Puis, il absorbe ces informations qu’il internalise. Dans ce processus d’absorption, ces informations originellement externes se transforment en « connaissances », « conditionnements », « schĂ©mas de pensĂ©es »  L’ĂȘtre humain utilise ces informations absorbĂ©es puis stockĂ©es au sein de cette bibliothĂšque interne comme les cadres rĂ©fĂ©rents sur lesquels s’appuyer pour prendre des dĂ©cisions et agir. C’est ainsi que l’individu arpente la vie. Enfin, il commence mĂȘme Ă  croire que ces connaissances proviennent de son propre processus cognitif et que cela constitue la VĂ©rité et la RĂ©alitĂ©.


Le mantra nous invite à regarder non pas avec nos deux yeux (comme nous en avons l’habitude) mais avec le troisiùme Ɠil (tryambakam).


Nous faisons souvent l’erreur de croire que le troisiĂšme Ɠil est un point tout Ă  fait spĂ©cial que l’on peut placer sur le corps physique (souvent entre les deux sourcils). Or, si le troisiĂšme Ɠil est si spĂ©cial, c’est justement parce qu’il n’a rien Ă  voir avec les deux organes physiques que sont les yeux.


Autrement dit, le troisiĂšme Ɠil pourrait ĂȘtre partout sur le corps physique, ou, plus exactement, nulle part sur ce corps physique.Ainsi, le troisiĂšme Ɠil reprĂ©sente tout ce qui n’est pas issu des cinq sens et tout ce qui n’est pas du monde phĂ©nomĂ©nal. Le troisiĂšme Ɠil est une mĂ©taphore pour exprimer la capacitĂ© de voir avec clartĂ©. Voir les choses avec clartĂ© signifie de voir les choses sans l’influence du monde ; de voir les choses libres des conditionnements de ce monde.


Ce n’est pas par hasard que ce mantra est dĂ©diĂ© à Shiva. Cette divinitĂ© est considĂ©rĂ©e comme Ă©tant celle de la destruction de l’ignorance. Autrement dit Shiva est le destructeur de la mĂ©comprĂ©hension de ce qu’est vraiment la RĂ©alité ; le destructeur de l’ego, de l’attachement Ă  ce corps, ce mental et Ă  ce monde.


Le mantra nous invite Ă  « adorer celui qui a trois yeux ». « Adorer » (yajĂąmahe)ne signifie pas (comme cela se fait souvent en Inde) de couvrir de lait et de fleurs une statue de Shiva ou un lingam. « Adorer » signifie regarder avec une qualitĂ© d’attention. Cela implique d’ĂȘtre trĂšs attentif Ă  ce qu’il se passe instant aprĂšs instant. « Quelles sont ces pensĂ©es ? », « quelles sont ces rĂ©actions », « d’oĂč proviennent-elles vraiment ? ». Cette adoration amĂšne Ă  ce que l’on nomme l’honnĂȘte observation de soi.


Lorsque l’ĂȘtre humain observe son mental, ses pensĂ©es, ce qu’il se passe instant aprĂšs instant dans son esprit, il scrute ce qui est de l’ordre « du petit », « de la partie », « du limité », « du pĂ©rissable », « du changeant », « du mortel »  Mais, en observant « le petit », « la partie », « le mortel » et « le limité », il s’éloigne « du petit », « de la partie », « du limité » et « du mortel », car l’observateur et l’observé sont toujours diffĂ©rents.


L’individu pĂ©nĂštre alors le domaine « du vaste », « de l’illimité », « de l’immortel ». Il s’agit de la Source. Par dĂ©finition, la Source est complĂšte. Tout y est disponible, abondant, prospĂšre (pushti vardhanam).


Le mantra induit que dĂšs lors que l’ĂȘtre humain regarde avec attention ses propres pensĂ©es, un cadeau l’attend. Il dĂ©couvre que la vie a une toute autre saveur. Il s’agit de la fragrance (sugandhim) de la Paix et de la LibertĂ©. C’est le parfum doux et sucrĂ© de l’Absolu, de la Source, de la ComplĂ©tude, du Brahman.


3. Le Tryambakam ou le mantra du détachement


« Puisse-t-il nous dĂ©livrer du lien qui nous relie Ă  la mort de la mĂȘme maniĂšre que le raisin se dĂ©tache de la vigne. »


urvaaruka = concombre

miva = comme

bhandhanan = lien (bandha), tige


Le mantra nous expose un autre enseignement primordial.

Pendant sa croissance, le concombre (urvùruka) est attaché à sa tige mÚre. Puis, à sa maturité, il se détache.


De la mĂȘme façon, pour croĂźtre et se dĂ©velopper, l’ego a besoin du monde et il y est attachĂ© (bandhanĂąn). Seulement, Ă  la diffĂ©rence du concombre qui un jour se dĂ©tache, l’ego ne rompt jamais le lien qui l’attache au monde matĂ©riel.


Or, le dĂ©tachement du monde matĂ©riel est la clef de la libĂ©ration. Ce dĂ©tachement est maturitĂ©. La maturité ne signifie pas de passer d’un Ăąge Ă  un autre. La maturitĂ© n’est pas une question d’ñge (il existe des ĂȘtres trĂšs jeunes et trĂšs matures et il existe dans anciens trĂšs peu matures). La maturitĂ© est LE dĂ©tachement par lequel l’individu cesse de donner de l’importance au monde matĂ©riel, Ă  ses objets et donc au corps et Ă  l’esprit. La maturitĂ© est LE dĂ©tachement par lequel l’individu cesse de construire son identitĂ© Ă  partir d’élĂ©ments en provenance du monde matĂ©riel, de ses objets, du corps et de l’esprit.


Un ĂȘtre qui s’est dĂ©tachĂ© du monde matĂ©riel est ce que l’on nomme un « dvija », littĂ©ralement « un nĂ© deux fois ».


L’individu naĂźt une premiĂšre fois, physiquement hors du corps de sa mĂšre et se dĂ©tache du cordon ombilical qui le nourrit. Cet instant marque l’entrĂ©e de l’ĂȘtre dans le monde matĂ©riel. Puis, dĂšs lors que l’individu se dĂ©tache de son lien (bandhanĂąn) d’avec le monde matĂ©riel, il naĂźt une deuxiĂšme fois. C’est lĂ , la vĂ©ritable raison pour laquelle il est nĂ©cessaire de rĂ©pĂ©ter ce mantra Ă  l’occasion des anniversaires. Les anniversaires (de la façon dont nous les cĂ©lĂ©brons) ont tendance Ă  renforcer la prĂ©dominance du corps et de l’esprit en tant que « je », lĂ  oĂč la rĂ©elle cĂ©lĂ©bration serait de s’en dĂ©tacher.


Le mantra nous invite donc sans tarder Ă  faire « comme » (miva) le concombre !


4. Tryambakam ou le mantra de l’immortalitĂ©


« Qu’il ne nous Ă©loigne pas de l’immortalitĂ©. »


mrityor = mort

mukshiya = libération (moksha)

ma mritat = négation (a privatif) + mortalité = immortalité


Le dernier vers correspond à la conclusion du mantra.


DĂšs lors que l’individu a changĂ© sa vision du monde ; dĂšs lors que l’individu a goĂ»tĂ© Ă  la fragrance de la Source ; dĂšs lors que l’individu s’est dĂ©tachĂ© de son lien pour le monde matĂ©riel, alors, il devient immortel (ou comme le mantra l’indique, il cesse de devenir mortel / de renforcer la mortalitĂ© en lui (mñ’mritĂąt)). En d’autres termes, l’ĂȘtre se libĂšre (mukshiya) de la mortalitĂ© (mrityor).

L’Immortalité n’est pas une chose qu’il faille atteindre. Comme la ComplĂ©tude, la Paix, la Liberté ou l’Amour, l’Immortalité est dĂ©jĂ  lĂ  et toujours disponible. L’immortalitĂ© est notre nature originelle.


Cependant, comme l’ĂȘtre humain s’identifie Ă  ce qui est limitĂ© et pĂ©rissable, il croit fermement n’ĂȘtre rien d’autre que limitĂ©, pĂ©rissable et donc mortel. L’individu passe sa vie Ă  renforcer en lui ce qui est de l’ordre du mortel et du limitĂ© au lieu de l’amenuiser. Renforcer la puissance du corps et du mental et l’attachement aux objets du monde ne permet jamais de voir la Source.


DĂšs lors que l’individu rĂ©alise que, par ses actions, il ne cesse renforcer le crĂ©dit accordĂ© au corps, au mental, Ă  l’ego et aux objets du monde, il comprend qu’il contribue lui-mĂȘme Ă  s’ancrer dans la mortalitĂ©. DĂšs lors que l’individu agit Ă  diminuer le crĂ©dit accordĂ© au corps, au mental, Ă  l’ego et aux objets du monde, il se rapproche de la Source, et par consĂ©quent, s’ancre dans l’immortalitĂ©.

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